Rencontre avec une élève du Centre de Yoga Iyengar de Strasbourg qui est enseignante en Ashtanga Yoga, elle nous dit ce qu’elle trouve dans le yoga Iyengar, sa pratique et son apprentissage.
Entretien avec Nina Faramarzi.

Pourrais-tu décrire la différence entre le Yoga Iyengar et le Ashtanga yoga ?

Pour définir le Yoga Ashtanga aujourd’hui, il faut connaître la définition du mot Vinyasa. Vinyasa peut être traduit par «organiser quelque chose d’une manière et dans un ordre particulier». Nous parlons des enchaînements des différentes postures de yoga. Dans les cours de Vinyasa, les élèves associent la respiration aux mouvements en passant d’une posture à l’autre. Ashtanga, Jivamukti, Power Yoga et Prana Flow pourraient tous être considérés comme du Vinyasa yoga. Vinyasa est également le terme utilisé pour décrire une séquence spécifique de poses : de Chaturanga à Urdhva Mukha Svanasana et après Adho Mukha Svanasana, qui sont couramment utilisées dans une classe de Vinyasa. Le Ashtanga yoga est une forme très structurée de Vinyasa . Il existe cinq séries des Ashanas en Ashtanga et chaque élève doit maîtriser chaque pose de la première série avant de passer à la deuxième série. Ashtanga Yoga est arrivé en occident grâce aux étudiants de Sri Pattabi Jois, décédé en 2009.

« The inner fish » de Nina Faramarzi

« The inner fish » de Nina Faramarzi

Dans les cours de Vinyasa et Ashtanga les enchainements de postures sont très dynamiques, il y a une dimension sportive très forte dans ce yoga (que j’aime beaucoup personnellement). Au niveau avancé, on ne voit pas beaucoup de personnes âgées. Quand je suis arrivée en cours de Yoga Iyengar, grâce à un ami qui pratique au Centre de Strasbourg, j’ai compris une différence majeure : pas de pantalons, le maître doit voir ton corps. C’était la première fois que j’entendais ça. Dans d’autres yogas, les élèves sont libres de porter ce qu’ils veulent tant que ça leur permet de faire les postures. J’ai vu mon enseignante, Nathalie Ehlig, expliquer pendant presque une minute comment les orteils devraient s’étaler sur le sol, comment le poids doit être sur l’arrière du pied et comment on ne doit pas mettre beaucoup de poids sur les tranches intérieur des pieds…

Tadasana, que j’avais fait plus de 1000 fois dans ma vie, me semblait être une nouvelle posture ! Les supports que je voyais me gênaient beaucoup au départ, parce que je ne les utilisais jamais auparavant. Je ne comprenais pas pourquoi nous devions prendre une couverture, une chaise, un bolster ou tout autre support qu’il y a au Centre. Mais au fur et à mesure que j’ai pratiqué, que je me suis documentée sur l’enseignement de la famille Iyengar, ma vision a complètement changé sur la façon dont je définissais le yoga. BKS Iyengar a concrétisé la véritable définition du yoga : une pratique adaptée à tous, y compris aux personnes souffrant de différentes maladies qui utilisent la méthode Iyengar comme thérapie.

Tu dis que la dimension thérapeutique t’apporte beaucoup également…

En ce qui me concerne, j’ai une maladie auto-immune, des anticorps très élevés qui attaquent la glande thyroïde. Une maladie qui s’appelle « Hashimoto ». Le malade doit prendre des médicaments toute sa vie pour que sa thyroïde continue de fonctionner. Certaines postures me dérangent car elles rendent les acouphènes dans mon oreille beaucoup plus fortes et ma gorge bloquée par l’inflammation de la thyroïde (Sarvangasana), mais j’ai appris à respirer à travers elles et à les laisser m’aider. L’aspect thérapeutique du yoga n’est pas forcément chercher un remède à sa maladie. C’est gagner en courage et perdre la peur, avoir le contrôle de son corps, savoir que la posture dans laquelle vous n’êtes pas bien est pourtant réellement bonne pour nous. Pour cela il faut faire confiance en son enseignant, et savoir qu’il a été formé avec beaucoup d’exigence et de précision y contribue grandement.

Voici d’ailleurs un lien qui présente les postures de yoga Iyengar pouvant aider les personnes présentant un problème de thyroïde.

Nina est également artiste et danseuse, son site web :
https://neenafaramarzi.wixsite.com/ninafaramarzi

photos : Johanna Bagur