C’est une des particularités du yoga Iyengar qui utilise de nombreux supports (briques, sangles, poids…) afin de permettre à chacun de bénéficier du bienfait des postures quelques soient ses limitations.
Et cela est encore plus vrai lorsque le professeur a affaire à une personne faisant face à la maladie ou à un handicap.

Un savoir précieux transmis par BKS Iyengar

BKS Iyengar, ayant lui-même souffert de tuberculose, s’est intéressé au yoga comme outil de guérison passant non seulement par un mieux-être du mental mais aussi par un travail du corps permettant de stimuler le métabolisme.

Il se servait de son propre corps pour essayer de comprendre les maladies de ses élèves et trouver les Asanas les plus efficaces pour les combattre.

Il a ainsi acquis une connaissance et une expérience telles qu’elles ont forgé la réputation du Yoga Iyengar dans l’accompagnement (lien vers l’article sur le film de Stéphane Haskell) des soins aux personnes souffrant de pathologies. Ce savoir-faire, il l’a partagé dans son enseignement, formant ainsi des professeurs au Yoga dit thérapeutique.

Cependant il ne faut pas oublier que le yoga est une science globale qui intègre et le corps et l’âme ou le psychisme. Un élève qui souhaite améliorer sa condition physique ou psychique par et grâce au yoga devrai faire des efforts, être persévérant, courageux et aussi avoir une totale confiance dans l’enseignant. Le chemin est long et difficile.

12 ans de formation pour enseigner en yoga thérapeutique

C’est une grande responsabilité que d’accompagner des personnes souffrant de maladies, des personnes ayant au des accidents ou aussi des femmes enceintes. Le parcours d’un enseignant habilité à donner des cours thérapeutiques est le suivant :

  • Devenir professeur de Yoga Iyengar nécessite 6 ans minimum de pratique auprès d’un enseignant formateur.

  • Puis le professeur enseigne 3 ans, et assiste un enseignant expérimenté. Par ailleurs il continue à développer sa pratique personnelle.

  • Ensuite elle/il peut passer les 3 diplômes suivants en un minimum de 3 ans (Junior 1, 2, 3)  Ensuite il faut continuer 2 ans à pratiquer et à assister.

  • Puis l’on peut passer les diplômes Senior (1, 2, 3) qui sont très exigeants, tant du point de vue de la pratique personnelle que des connaissances en matière d’ajustement et d’enseignement pour des élèves souffrant de différentes pathologies.

A ce moment-là seulement (à partir du niveau de certification Senior 1 l’enseignant(e) est autorisé(e) à s’occuper d’élèves ayant des problèmes de santé nécessitant un suivi individualisé.
Il faut donc au minimum 12 ans avant de pouvoir enseigner le yoga à des personnes souffrant de différentes pathologies nécessitant une prise en charge particulière.

Témoignages de personnes venant en cours thérapeutiques à Strasbourg

Yogasara, le magazine de l’Association Nationale de Yoga Iyengar, consacrera son prochain numéro au yoga thérapeutique. A cette occasion plusieurs personnes ont accepté de parler de leur expérience. Voici quelques passages des témoignages de personnes allant au cours thérapeutique de Valérie Mangold à Strasbourg. Les témoignages complets seront publiés dans le magazine.

  • maladie de Parkinson
    « Depuis trois ans, et à ce stade de développement de la maladie, ma principale thérapie consiste en une heure de yoga Iyengar hebdomadaire, avec Valérie comme professeure attentionnée. Durant la première séance, j’ai eu l’impression de sortir de l’aquarium dans lequel j’étouffais depuis près d’un an. Depuis, j’ai pu observer au fil des mois une amélioration nette de mon état. La tendance à me replier sur moi-même en resserrant les épaules sur la poitrine a disparu à ce jour et la sensation d’oppression, voire d’étouffement, qui allait de pair, n’est plus qu’un mauvais souvenir. J’ai pu retrouver également un meilleur équilibre en station debout et je ne ressens plus les terribles crampes dans les mollets qui ont marqué les mois suivant l’annonce du diagnostic. Plus largement, je respire à nouveau, au propre comme au figuré, et j’envisage le présent plus sereinement.

Je suis professeur de philosophie, d’obédience analytique, privilégiant la définition de concepts et le raisonnement avant tout. Tout en les respectant infiniment pour les bienfaits qu’elles peuvent engendrer, je ne suis pas à la recherche de sagesses orientales. Je crois cependant, en accord avec ces formes de sagesse, qu’on ne peut pas distinguer – sinon abstraitement, en pensée – le corps et l’esprit et que tout ce qui arrive à un être vivant lui arrive en se répercutant sur la totalité qu’il constitue. Je crois que de ce point de vue, le yoga lyengar possède des atouts majeurs pour soigner des maladies telles que le syndrome parkinsonien dont je suis atteint.

Les neurologues que j’ai consultés m’ont encouragé très vivement à pratiquer le yoga lyengar et prennent celui-ci très au sérieux. Ils l’envisagent comme une possibilité thérapeutique dont les effets sont équivalents à ceux des médicaments disponibles à ce jour. »

  • endométriose

    « D’origine indienne et de confession hindoue, j’ai eu très tôt connaissance des bienfaits du yoga sur le corps et le mental. J’ai pu alors pratiquer l’Hatha yoga depuis toute petite mais cela de façon ponctuelle jusqu’en 2017. Cette année-là, on me diagnostique une endométriose profonde.

    Les douleurs sont devenues de plus en plus intenses lorsque j’ai arrêté la pilule pour concevoir un bébé. Le temps passait et toujours pas de bébé mais des douleurs de plus en plus handicapantes qui envahissent mon quotidien. Je ne pouvais plus travailler, j’avais des difficultés à aller à la selle, à m’asseoir et à marcher. Je devais prendre de la morphine.

    Désireuse de trouver une alternative aux médicaments, je commence très vite les cours de yoga thérapeutiques avec Valérie et son assistante Nathalie. Elles m’accompagnent toutes les deux une fois par semaine. La confiance s’installe très vite entre nous, je me sens écoutée et aidée. Je sais que Valérie aussi découvre cette maladie et ses symptômes, mais elle se renseigne sans cesse auprès de Corinne Biria à Paris sur les postures qui peuvent m’aider. Je me sens progresser dans les postures mais surtout, je ressens les bienfaits des séances.

    Le yoga devient une nécessité pour moi, je suis convaincue que je suis capable d’agir sur la douleur et la maladie. J’apprends à ne plus être passive.

    Les séances de yoga m’ont accompagnée jusqu’au jour de l’opération. Celle-ci a duré sept heures et a concerné beaucoup d’organes. A ma plus grande surprise, je me suis très vite rétablie. Je suis persuadé que le yoga y est pour beaucoup. Il m’apporté l’équilibre mental nécessaire pour affronter cette épreuve. Les séances ont pu ensuite reprendre avec Valérie et Nathalie.

    Et me voilà aujourd’hui, à continuer les séances de yoga, un an et demi plus tard … mais cette fois-ci enceinte de huit mois ! »

BKS Iyengar explique au sujet du « yoga thérapeutique » que les qualités de l’élève doivent être le courage et la confiance :

« Lorsque l’élève me présente le rapport médical, je me contente de le survoler rapidement, ne cherchant, dans un premier temps, qu’à évaluer la rapidité avec laquelle l’élève s’est trouvé assailli par la maladie. C’est tout.

Ensuite, nous commençons à travailler de manière à ce que je puisse me faire une idée des réserves de courage et de persévérance, dont l’élève peut espérer disposer, en vue d’entreprendre un travail potentiellement pénible. Je porte également mon attention sur les mouvements du corps et sa mobilité.

Si, à ce stade, la confiance semble lui faire défaut, je m’efforce alors de lui en instiller en lui donnant des āsana agréables à pratiquer. Je ne m’attacherai pas d’emblée à traiter la maladie. »

(Yoga Rahasya, Compliation 1990-2000 Vomule C, p. 69)

Merci à Valérie Mangold d’avoir recueilli les témoignages de ses élèves.